Et...petite histoire des 1ers Bénédictins et de l' Europe.
"C'est un paradoxe de prendre saint Benoît comme patron de l'Europe car saint Benoît a vécu au moment où l'Europe n'existait plus, où elle était complètement détruite.[ …]
Or par ses fils, saint Benoît pourra reconstituer dans toute la première partie du Moyen-Age un tissu qui ne sera pas encore évidemment l'Europe d'aujourd'hui, mais un tissu qui permettra ensuite à l'Europe d'être ce très grand continent du treizième et quatorzième siècle avant que se déchaîne ce poison de la vie européenne, lancé en grande partie par les rois de France, et qu'on appelle les nationalismes.
Saint Benoît a compris que le mode de vie monastique qu'il proposait n'était pas une sorte de fuite du monde, de désintérêt pour le monde, ce qui a toujours été un peu la tendance du monachisme grec. Pour saint Benoît l'esprit du monachisme c'est, comme le dit le psaume : "Habite la terre et vis tranquille !" "Habiter la terre" et non participer d'une mauvaise manière à l'esprit du monde, ou devenir des moines mondains. .[ …].
La deuxième chose que les Bénédictins ont su faire, c'est vivre "comme des intendants.[ …] La grandeur des moines bénédictins c'est d'avoir été de vrais intendants, ceux à qui une mission a été confiée, par conséquent de ne pas faire leur travail, de ne pas mener leur vie de moine avec un esprit de rivalité. .[ …] C'est cela la grandeur du monachisme bénédictin. Aujourd'hui, on ne la soupçonne même plus, on ne comprend même plus à quel point elle a pu se graver dans la géographie cordiale de cette Europe.
Ils ont trouvé pourtant ce moyen de manifester simplement leur existence par leur présence. .[ …] Ce signe de la vie monastique n'est pas ostentatoire. C'est d'être là tout simplement de cultiver la terre, de recopier les manuscrits. Et cela tout simplement que les champs ne tomberont pas en friche, que les esprits non plus ne tomberont pas en friche. C'est par des générations et des générations de copistes bénédictins que nous avons reçu la plupart des trésors de notre culture grecque et romaine. [ …]
Pour que la présence même du mystère de Dieu prenne chair vraiment au milieu de peuples très divers, il n'y avait qu'un moyen : c'était, dans la prière, dans le silence, dans le travail, .[ …] et ainsi de défier l'usure du temps, de défier le violence et de défier tout ce qui pouvait, d'une manière ou d'une autre, abîmer ou détruire tout cela. : c’est la raison du choix de St Benoît comme patron de l’ Europe."
Extraits d’une homélie de Daniel Bourgeois, Communauté de St Jean de Malte à Aix.
Homélie complète : http://www.moinesdiocesains-aix.cef.fr/homelies/sanctoral/saints-de-juillet/412-le-11--saint-benoit/5018-saint-benoit-patron-de-leurope.html